samedi 2 avril 2016

Mettre en place un flux Twitter lors d’une conférence, retour d’expérience & conseils


Mettre en place un flux Twitter lors d’une conférence, retour d’expérience & conseils


Ce billet a été écrit en collaboration avec Aurélie Feron, conseillère pédagogique au Centre de Didactique Supérieure de l’Académie Wallonie-Bruxelles et à l’Université libre de Bruxelles, Nadine Postiaux, conseillère pédagogique & responsable du Bureau d’Appui Pédagogique Polytech et Présidente du Centre de Didactique Supérieure ainsi que Lydwine Kuras, conseillère pédagogique au Centre de Didactique Supérieure de l’Académie Wallonie-Bruxelles et à l’Université de Mons.
Nous proposons un retour d’expérience de l’utilisation de Twitter lors de la Journée de réflexion du Centre de Didactique Supérieure de l’Académie Wallonie-Bruxelles qui a eu lieu le 21 février 2013 à Gosselies en Belgique. L’intérêt de cette expérience est qu’elle portait sur un public novice en matière de réseaux sociaux.
L’utilisation de Twitter lors d’évènements scientifiques est devenue de plus en plus courante. Martin Ebner, Associate Professor à l’Université technique de Graz, a mené plusieurs recherches sur ce sujet. Ainsi, Reinhardt, Ebner, Beham et Costa (2009), analysant l’usage de Twitter lors d’une conférence scientifique, indiquent que 67,5% des répondants ont utilisé l’outil.
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Une analyse des différentes cohortes indique que 100% des organisateurs ont twitté, 90,9% des participants en présentiel, 50% des participants à distances et 71,4% des communicants.
Fig2
Parmi les usages identifiés dans cette étude, le principal est de communiquer avec les autresainsi que partager les ressources, voire établir une présence en ligne. L’atout de Twitter est de créer un sentiment de communauté et d’encourager la participation. Par ailleurs, l’outil offre un canal de discussion qui permet d’aller plus loin que les propos des communicants. Enfin, il s’agit d’une manière d’étendre ses connaissances sur un sujet ainsi que son réseau de contacts. Toutefois, Twitter peut aussi être distrayant ; certaines personnes peuvent perdre plus de temps sur leur ordinateur ou leur téléphone qu’à parler aux autres participants, voire de simplement écouter. Par ailleurs, d’autres recherches vont plus loin que cette simple analyse : certaines vont étudier toutes les potentialités de l’outil lors d’une conférence (Ebner & Reinhardt, 2009), d’autres analysent la manière dont Twitter se transforme en outil de collaboration et de co-construction des connaissances lors de conférences (Ross, Terras, Warwick et Welsh, 2011) ou encore proposent une analyse de contenu détaillée des propos tenus lors de ces évènements (Weller, Drödge et Puschmann, 2011). Toutefois, ces différentes recherches prennent appui sur des échantillons particuliers comme la World Wide Web Conference 2010, l’ED-MEDIA conference ou encore trois conférences importantes du domaine des Digital Humanities ; c’est-à-dire un publica priori disposé à l’utilisation de Twitter.
Contrairement à ces études, les résultats proposés ci-dessous émanent d’un public novice en matière de réseaux sociaux. En effet, parmi notre échantillon de 105 personnes présentes, seules huit d’entre elles – parmi les répondants à notre enquête – possédaient un compte Twitter avant de s’inscrire à cette journée (27 possédaient un compte Facebook).
Face à ce public particulier, notre première action a tout d’abord été d’informer les participants du recours à Twitter lors de l’évènement, de ses objectifs ainsi que des modalités d’utilisation de l’outil. Pour ce faire, Lydwine Kuras et Aurélie Feron ont réalisé deux tutoriels, l’un portant sur la création d’un compte Twitter et l’autre portant sur l’utilisation du réseau social dans le cadre de la journée de réflexion. Ces informations ont, par ailleurs, été relayées par le site NetPublic.fr et vous pouvez les retrouver [en ligne ici.]
Ensuite, lors de l’évènement, nous avons mis en place un « tweetwall » (ou mur de tweets) afin de permettre aux participants de lire les messages envoyés sans avoir recours à un outil informatique (ordinateur, smartphone, tablette, etc.). Les objectifs et l’intérêt de l’outil ont également été expliqués à tous lors du discours d’introduction de la journée [A écouter ici :http://youtu.be/LyHQkheK2vs?t=5m36s].
A la fin de cette journée, nous avons distribué un questionnaire d’évaluation aux participants. 58 d’entre eux nous ont répondu. Les graphiques ci-dessous présentent la vision des répondants quant à l’apport des réseaux sociaux lors de cette journée – pour le premier – et l’utilisation de ceux-ci – pour le second.
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Fig4
D’après les résultats de notre enquête, l’usage des réseaux sociaux aurait permis en partie (un peu plus de la moitié des répondants pense que c’est le cas) de partager des réflexions et prendre en compte plus de points de vue mais certainement pas de synthétiser ou poser plus de questions.
Dans les commentaires des répondants, les points positifs (6 commentaires) portent sur un « apport modeste», une participation extérieure intéressante et une stimulation de l’interactivité. « J’ai déjà participé à quelques journées, colloques avec utilisation des réseaux sociaux et je trouve qu’ici ça a pas mal fonctionné. Ca a apporté aux débats alors que d’habitude, ça n’apporte pas grand-chose. », écrit l’un des répondants.
Les points négatifs (16 commentaires) portent notamment sur le mur de tweets : son aspect distracteur, perturbant ainsi que son inutilité dans notre contexte, dû à sa petite taille et sa position latérale par rapport à l’amphithéâtre. D’autres commentaires évoquent la difficulté de gérer plusieurs tâches à la fois – l’écoute, la prise de notes et Twitter – lorsqu’on ne maîtrise pas encore les outils. « Peu efficace du point de vue d’un débutant car il est difficile de simultanément écouter et tweeter! » « Il est très difficile de se concentrer sur le contenu de la présentation, se poser des questions, les écrire sur le réseau et en plus visualiser les remarques et « postages » de chacun… » « La salle/le public n’avait pas une vue suffisante sur les échanges twitter qui se déroulaient. »
Les suggestions (questions & suggestions) proposent de relayer plus régulièrement les tweets (pour que le conférencier puisse modifier son intervention, pour que les avis et questions de personnes extérieures soient pris en compte), d’utiliser un écran adéquat (lisible par tous), de gérer le flux de tweets avant son arrivée sur l’écran, d’augmenter la disponibilité des prises électriques.
Quelques jours après l’évènement, Nadine Postiaux a formulé quelques conseils quant à l’utilisation de Twitter :
  1. Prévoir du temps dans le déroulement de l’activité : tweeter implique des temps d’arrêt pour prendre connaissance de l’information et éventuellement la traiter.
  2. Twitter convient peut-être mieux à des conférences plus longues et magistrales qu’à des communications courtes dans lesquelles l’information est plus concentrée (plus important de ne pas lâcher l’attention).
  3. Prévoir plusieurs animateurs pour la gestion de l’animation, la gestion du temps, le lien avec les communicants, etc.
  4. Veiller à l’équilibre entre le présentiel et le virtuel ; d’autant plus que l’outil permet aux animateurs de reprendre la main sur le débat (au risque de le monopoliser) donc le public « en présentiel » pourrait très vite se sentir oublié.
  5. Ne pas faire le forcing : pour des raisons diverses, certaines personnes ne souhaitent vraiment pas avoir recours à ce type de technique. Il faut donc penser le dispositif en parallèle format traditionnel/format virtuel (surcroît de préparation et d’animation).
  6. Introduire la démarche si l’auditoire est profane ou si l’usage est pédagogique (dans un cours par exemple) tant sur un plan « technique » que « pédagogique » (en donnant, notamment, des exemples de tweets).
  7. Le Tweetwall n’est pas nécessaire mais, s’il est mis en place, il doit être placé à la vue de tous et sans la nécessité d’un déplacement de tête (c’est-à-dire dans l’axe de l’activité en présentiel).
  8. La nécessité de prises de courant pour les ordinateurs portables, voire les appareils mobiles.
  9. L’importance de garder une trace, notamment par l’intermédiaire de l’outil Storify. Vous pouvez retrouver celui de la journée à cette adresse : http://storify.com/niroland/resume-des-echanges-du-7eme-forum-cdsauwb
Pour finir, si vous souhaitez en savoir plus sur l’utilisation de Twitter dans un cadre pédagogique – et non de conférence –, vous pouvez regarder le hangout « Twitter & pédagogie » animé par Christophe Batier qui a eu lieu hier.
Bibliographie
Ebner, M., & Reinhardt, W. (2009). Social networking in scientific conferences–Twitter as tool for strengthen a scientific community. Dans Proceedings of the 1st International Workshop on Science.
Reinhardt, W., Ebner, M., Beham, G., & Costa, C. (2009). How people are using Twitter during conferences. Dans Proceedings of 5. Edumedia Conference, pp. 145-156.
Ross, C., Terras, M., Warwick, C. & Welsh, A. (2011). Enabled backchannel: conference Twitter use by digital humanists, Journal of Documentation, 67(2), pp.214 – 237.
Weller, K., Dröge, E., & Puschmann, C. (2011). Citation analysis in Twitter: Approaches for defining and measuring information flows within tweets during scientific conferences. In M. Rowe, M. Stankovic, A-S. Dadzie, & M. Hardey (eds.), Making Sense of Microposts (#MSM2011), Workshop at the Extended Semantic Web Conference (ESWC 2011), Heraklion, Greece, pp. 1-12.

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